lundi 29 octobre 2018

L'Hôtel de Ville, et TeamLab

   Je profite de ce dimanche hivernal pour rattraper un peu mon retard, et revenir sur l'une des expos marquantes de l'été.  Si côté programmation la contre-culture avait succédé aux impressionnistes ces dernières années,  le nouveau buzzword pour les expos c'est "immersion"; et l'un des gros cartons de ces derniers mois a été l'installation immersive japonaise TeamLab à La Villette.

En immersion
     Mais nous verrons ça après, pour l'instant direction le monument à mon sens le plus beau de Paris, je veux parler du somptueux Hôtel De Ville que j'ai eu la chance de pouvoir visiter pendant les journées du patrimoine.

Direction l'Hôtel de Ville
     On quitte donc momentanément la face B de Paris pour venir faire un tour dans la carte postale, avec comme souvent un petit retour dans le temps. Ambiance "le ciel, les pigeons et la Maire" c'est parti..

Etienne, Etienne… Tiens le bien !


      L'histoire de l'Hôtel de Ville est liée à celle d'un personnage trouble, Etienne Marcel, qui n'est donc pas que la station de la ligne 4 qui ne sert à rien; en effet de mémoire de voyageur on n'a jamais entendu personne dire "je descends à Etienne Marcel". 

A la découverte de l'Hôtel de Ville, ma "Liberté guidant le peuple"
    Fast backwards, nous sommes au milieu du 14ème siècle et le Royaume de France traverse sans doute la période la plus sombre de son histoire, en pleine guerre de cent ans contre l'envahisseur anglais. Le Roi de France Jean le Bon (qui porte mal son nom ou alors il faut sucrer le "le") est prisonnier à Londres, la Chevalerie Française a été anéantie lors des batailles de Crécy et de Poitiers. Le dauphin, futur Charles V, est trop jeune pour reprendre le flambeau et ne possède de toutes façons ni flotte, ni armée. Et comme si cela ne suffisait pas le royaume a été ravagé par la peste noire qui est arrivée avec les navires marchands.  

L'Hôtel de Ville propose une balade picturale dans l'histoire
     La bataille de Crécy a été une humiliation pour la Chevalerie Francaise qui combat avec des codes qui même au Moyen Age, semblent moyenâgeux. Les arbalétriers génois au service de la France passant leur temps à recharger quand les archers anglais tirent plus de dix flèches à la minute, les chevaliers francais vont alors en passer au plan B dont la beauté n'a d'égal que la simplicité: on charge et on fracasse tout !

     Piétinant au passage les alliés génois, ils vont aller s'empaler dans les pièges grossièrement construits par l'ennemi et se faire tirer comme des lapins par des archers anglais qui n'en demandaient pas tant, ce fut hélas un massacre…

Balade dans les salons
    Bataille de Poitiers, ce qui reste de la Chevalerie fait face une nouvelle fois aux anglais et à leurs redoutables archers, sous le commandement du fameux Prince Noir. Il a plu toute la nuit et le terrain est impraticable, mais les chevaliers ont si bien appris de leur défaite précédente qu'ils vont de nouveau opter pour la tactique imparable: on charge et on fracasse tout.

        Le résultat est encore pire qu'à Crécy: les chevaliers qui s'embourbent sont cloués par les archers anglais qui sont dubitatifs devant tant de bêtise, le roi est fait prisonnier, la France n'a plus d'armée et n'est plus gouvernée.

Les dorures de la République
   C'est dans cette France au plus bas que l'ultra riche Etienne Marcel, le prévôt des marchands, va acquérir la maison aux piliers qui deviendra l'Hôtel de Ville. Pour ceux qui connaissent l'endroit, il faut imaginer que le parvis actuel était une espèce de plage appelée place de Grève, où les navires de la puissante corporation déchargeaient leur cargaison, et où on venait chercher du travail pour la journée (c'est de là que viendra le fameux "faire grève", qui a bizarrement un sens opposé).

     Avec un roi en prison et un dauphin esseulé, Etienne Marcel et ses puissants potes vont prendre le pouvoir, y compris sur les finances et l'armée, et vont devenir les vrais rois de Paris au point d'essayer de se débarrasser du Dauphin Charles V, encore très tendre, et prendre sa place.

Ambiance Poudlard sous les toits avec la librairie
     Mais le futur Charles V est l'un des rares à avoir tenu son rang pendant cette période terrible, il va rassembler les quelques hommes qui lui restent fidèles et va marcher sur Paris, histoire de remettre Etienne à sa place. Le magnat de la finance, qui sent le vent tourner, va essayer pour s'en sortir de livrer la ville aux anglais, ce qui va signer sa perte et il finira assassiné. Etrange que cet arriviste un peu collabo ait une rue et une station de métro à son nom, il a sans doute fait de bonnes choses mais qui m'ont échappé. 

La piétonisation des voies sur berges, même l'hiver ?
Les salons
       Et voilà c'est la fin de la balade dans cet Hôtel de Ville que j'ai été ravi de visiter car c'est l'endroit où je retrouve généralement mes amis pour sortir explorer la ville, ou festoyer dans Paris.
  

TeamLab, "au-delà des limites

    Retour maintenant sur le blockbuster de l'été. Après donc les périodes impressionniste puis contre culture (avec en fer de lance les expos street-art pour attirer la bobosphère et la jeunesse branchée), la nouvelle tendance c'est les installations immersives qui plongent le visiteur au sein de l'oeuvre.

TeamLab
   Après Van Gogh et Klimt, ce sont les japonais de TeamLab qui sont venus cet été poser leurs valises à Paris, et installer leur machine à immerger dans la Grande Halle de la Villette. Le son et lumière plonge le visiteur dans un espèce de rêve psychédélique, très coloré et vaguement "nipponisant". 

Camouflage
   La nouveauté avec les expériences précédentes est qu'ici peut interagir avec les projections. Mais quand par exemple tout le monde arrive à fermer les fleurs en les touchant et que vous, rien à faire, ça ne fonctionne pas; alors il faut garder ce même détachement que lorsque les portes du métro se ferment juste devant vous et que la rame est bondée. 

Red Hot
   Autour de moi les retours sur TeamLab sont contrastés, génial pour les uns, un peu court pour d'autres. Nous pour le coup on a bien aimé, passant pas mal de temps allongés dans une salle où les esprits des vieux samouraïs semblaient danser au dessus de nos têtes, sur une musique hypnotique. 

 Je pense quand même que ces immersions sont un effet de mode, les gens vont réaliser qu'in fine on n'a pas accès aux vraies oeuvres mais à de simples projections, un peu comme à la télé au fond, et je sens bien d'ici peu le retour des impressionnistes, ou comme à Beaubourg en ce moment, des maîtres du cubisme.


Au calme
   A suivre la Comic Con, et certainement quelques expos car il y a l'embarras du choix pour ce grand weekend qui se profile. 

   Bonne soirée

   N. 


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