jeudi 21 mars 2019

Du climat, d'un vernissage, et de Valbuena

    Si je vous dis Valbuena, vous allez probablement penser football, joueur sulfureux, chantage à la sextape, bref, ce dont  la nature a le plus horreur: le vide.  Mais un Valbuena peut en cacher un autre, prénommé Pablo, que nous irons découvrir un peu plus loin. 

Marche du Siècle - Arrivée sur République

     Je vous raconterai au passage mon premier vernissage au MAM, pour l'instant direction Opéra pour l'auto-proclamée Marche du Siècle: des dizaines de milliers de personnes se sont données rendez-vous samedi dernier pour dénoncer l'inaction du gouvernement en matière de préservation de l'environnement et de justice sociale.

     Ambiance "les calottes sont cuites..." c'est parti.

 La Marche du Siècle

   
     Nous avions parlé dans un article précédent du phénomène Greta Thunberg, devenue depuis une star planétaire inspirant la jeunesse mondiale, pressentie même pour le Nobel de la Paix. Nous avions également mentionné la très sérieuse horloge de la fin du monde qui marque minuit moins deux, et j'ai découvert depuis la collapsologie, ou l'étude scientifique de l'effondrement de notre civilisation, rien que ça...

La jeunesse en fer de lance

Si en plus il y a la jolie Marion Cotillard...
  Si on ajoute aux problèmes de fin du monde ceux de la fin du mois, il n'en faut pas plus pour que les colères convergent dans une grande marche citoyenne. Du Secours Catholique à  Attac en passant par les grandes organisations écologistes comme les Colibris ou encore Greenpeace, pas moins de vingt-cinq organisations ont appelé à venir battre le pavé ce Samedi 16 Mars.

Marée humaine sur les boulevards

Pour la Justice Climatique et Sociale
    Quarante-cinq mille participants pour la préfecture, plus de cent mille pour les organisateurs, la bagarre des chiffres est anecdotique puisque tout le monde s'accorde à dire que la marche a été un succès. Et si la jeunesse a incontestablement pris le lead sur l'évènement, on a pu croiser toute sorte de population dans le défilé, y compris les fameux gilets jaunes, dont la charismatique Pricillia Ludosky.

Chantant, sautant, dansant, es "chauffeurs" ont travaillé leur cardio
    Côté gilets jaunes on a pu voir les rookies portant leurs gilets immaculés flambants neufs, et la vieille garde avec ses uniformes usés, "customisés" dans les grandes largeurs, entre punchlines et dessins provocateurs. Ceux là me font penser aux grognards de la Grande Armée enchaînant les campagnes; eux aussi ont fait leurs (avenues de) Iena, Wagram, Rivoli... dans l'espoir de voir peut-être un jour le soleil d'Austerlitz. En parlant de la Grande Armée, je vous raconterai lorsque l'occasion s'y prêtera la vraie fausse exécution du Maréchal Ney, "fidèle" compagnon d'armes de Napoléon. 

Gilet jaune et écolo
    Bon, on peut sérieusement douter de l'efficacité d'une marche pour le social et l'environnement, ce n'est pas cela qui fera reculer ni les grands pollueurs, ni la pauvreté, mais cela permet quand même de capter l'air du temps, et il me semble que les aspirations changent profondément.  

"Plus chauds que le climat"

Si le temps est un lieu...

    
     Après la Marche du Siècle, passons du "coca light": si le temps est un lieu c'est peut-être le 104, ce centre atypique niché dans les anciennes pompes funèbres de Paris, où tout un chacun peut aller pratiquer son art. Au coeur du Paris populaire, entre jongleurs, danseurs, comédiens, acrobates et j'en oublie, le 104 a un petit coté "cour des miracles" (sans l'Emeraude) qui vous transporte.   

Précédentes balades au 104
    Il se passe toujours quelque chose au CentQuatre:  expos, salons, concerts ou encore spectacles de danses et festivals, le CentQuatre est un lieu que j'aime faire découvrir aux gens de passages sur Paris, histoire de sortir un peu de la carte postale Louvre - Tour Eiffel - Montmartre.


Les allées du 104

Ici on vient en famille ou entre amis travailler son art du vivant
     En ce moment c'est Pablo Valbuena, un artiste espagnol installé en France, qui a pris possession des lieux avec des installations sons et lumières totalement hypnotiques. C'est intelligent, c'est millimétré, je pense que cet artiste, que je ne connaissais pas, fera vite parti des incontournables.

Une mosaïque permettant de créer des motifs à l'infini
Hypnotique
    Vous avez jusqu'au Dimanche 24 Mars pour aller découvrir Pablo Valbuena , mais pas besoin d'une expo pour aller apprécier l'ambiance unique du CentQuatre, les infos ici.

 D'un vernissage, et d'une envie pressante... 

    
     La semaine dernière j'ai eu la chance d'être invité à un vernissage au MAM (Musée d'Art moderne de Paris) par une amie qui y a bossé pendant quelques années. J'arrive sur place avec un quart d'heure d'avance, mon amie n'est pas des plus ponctuelles, et j'ai la bière du classique "on refait le monde entre collègues au café du bout de la rue d'en face" qui commence à m'interpeller au niveau du vécu. 

A gauche le Palais de Tokyo, à droite le MAM
     Il est 20h, j'ai d'un coté le MAM où il m'est impossible de rentrer sans mon amie puisque le musée est fermé au public, de l'autre le punk Palais de Tokyo qui lui est ouvert jusqu'à minuit, mais si je paye une entrée pour aller aux toilettes je n'aurai même pas le temps de profiter de l'expo. La copine confirme par sms le retard redouté, plus le temps de cogiter, place aux actes. Je me présente donc au guichet du Palais de Tokyo mais dans la file des abonnements, 5 minutes après j'ai mon Tokyo Pass valable un an en poche, 10 minutes après je suis devant l'entrée du MAM Après Beaubourg, me voilà donc abonné à un autre de mes lieux préférés.

MAM - La symboulique oun po mystiqué del incridibillé Houlk !
  Coté vernissage je craignais un peu de tomber sur une bande de wanna-bee branchés, lançant des "amazing" et autres "oh my god" en direction d'un artiste ayant le melon, avec en toile de fond des pique-assiettes jouant des coudes pour accéder au buffet.

Vernissage Thomas Houseago
  Cliché: au final pas d'hystériques, pas d'artiste, pas de bulles.... Juste des privilégiés ayant la chance de découvrir l'exposition en avant-première, et en comité restreint.

On n'est pas bousculé.
  Dans le flot des invités, on peut trouver des critiques et des influenceurs qu'il faut savoir recevoir, c'est la mission des employés du musée qui sont rodés pour cela. Si vous voulez en savoir plus sur l'expo de Thomas Houseago: les infos ici..

La suite

    
     A venir le retour des impressionnistes, la nouvelle mode des "spikizis, et une petite promenade dans le plus vieux marché parisien. Nous irons aussi pousser quelques portes de la mystérieuse Place des Vosges, sur les traces d'un personnage hors norme.

Place des Vosges
    Bonne soirée

    N.

vendredi 1 mars 2019

Vasarely et Surcouf sont sur un bateau


     Mondial du Tatouage, défilé du Nouvel-An Chinois, Paris Manga et Sci-Fi Show, tous ces incontournables que j'avais marqués d'une pierre blanche (drôle d'expression, venant du militaire), et  que je me suis fait un plaisir de contourner pour aller profiter des premiers soleils de Bretagne, sur les traces du roi des corsaires. Entre grand-mât, courses et abordages, nous verrons si Robert Surcouf était vraiment à la hauteur de sa légende...  Mais pour l'instant direction Beaubourg pour un must-see du moment, l'exposition Vasarely, le plus aixois des hongrois.      
     Ambiance "Que le Grand Cric me croque si je mens !"  c'est parti... 

Mille millions de mille sabords, ça doit faire un milliard.

Le Partage des Formes

   
     Si Marseille, qui a été capitale de la culture (et même de  la rupture, pour l'engagée Keny Arkana), possède un épais tissus artistique et associatif; il n'en est bizarrement pas de même pour Aix, pourtant ville riche et étudiante. Il y a quand même cette mystérieuse Fondation Vasarely qui trône un peu sur les hauteurs et dont tout le monde parle avec fierté, mais que peu ont visité étant jeunes.  

Direction le dernier étage de Beaubourg, "Le Partage des Formes"
    En grandissant, quand on commence à sortir sur Aix, la fondation devient utile. Car comme elle est visible depuis l'une des deux autoroutes qui longent la ville, elle sert de détrompeur pour les lieux de rendez-vous : "A l'échangeur tu prends la portion qui passe devant Vazarely, et tu sors juste après la fondation." 

Expo Vazarely, c'est parti
    Un jour on finit par s'y risquer, et on découvre que Vasarely n'est pas un énième artiste italien de la fin du moyen-âge qui peint des "Vierge à l'Enfant" comme on aurait pu l'imaginer, mais un hongrois qui est passé par la publicité, puis a développé l'Art Cinétique, quelque part entre illusions d'optique et langage informatique.  

#instaarts
   Vasarely a inventé une sorte d'alphabet visuel ce qui lui permet de peindre un peu comme on développe un logiciel. Entre images colorées et mouvantes, Beaubourg propose une superbe rétrospective sur l'oeuvre de l'artiste, de la pochette de "Space Oddity" jusqu'à sa collection Orion,  on se balade dans un monde géométrique, cosmique et saturé. 

Reliefs,et dépressions

Si vous vous demandiez si vous aviez déjà vu une réalisation de Vasarely..


Vertigo
     Je suis bluffé, et je vous encourage à aller visiter cette rétrospective hypnotique, l'expo court jusqu'au 6 Mai.

    Aix reste tout de même une ville culturelle, preuve s'il en est la cité va ouvrir en 2021 le plus grand musée dédié à Picasso. Enfin, pour finir avec Keny Arkana, Marseille capitale de la culture rupture c'est ici, montez le son...

Escapade Malouine

    
     Après la Rochelle il y a quelques semaines, je continue donc la tournée des ports historiques avec une escapade dans la cité des Corsaires. Cap donc sur Saint-Malo, ses remparts, ses plages à sunset, ses "double galettes saucisse" (le diable se cache dans les détails, c'est bien deux galettes autour d'une seule saucisse), ses grandes marées, son beurre de compet' que les palaces s'arrachent, sa cathédrale psychédélique, son pub complètement barré et surtout, son passé mouvementé.

Bienvenue à Saint-Malo
     On remonte l'horloge de quelques siècles, la ville est alors à son apogée et fournit tout le royaume en produits de la pêche. Mais à cette époque pas d'ascenseur et encore moins social, l'un des rares moyens de s'élever dans la société lorsqu'on n'est pas bien né est, comme le célèbre Surcouf (qui n'est pas qu'une foire pour geeks et "Gros Bills") de prendre la Course et devenir corsaire
  
"They're off to find the hero of the day"
     Il faut faire la distinction entre pirates et corsaires. Le pirate est un hors la loi qui attaque les bateaux pour les piller, sans autre motivation, et qui ne fait pas de vieux os car lorsqu'il se fait prendre, il finit irrémédiablement au bout d'une corde.  Dans la famille des pirates on peut distinguer, dans les caraïbes, les flibustiers et les boucaniers qui forment les fameux "frères de la côte" chers au Capitaine Haddock. Ceux-ci s'en prennent quasi exclusivement aux vaisseaux espagnols en route vers l'Europe, chargés des trésors piqués dans le nouveau monde.

Toujours le chic pour débusquer les endroits atypiques 
    Le corsaire, par contre, a l'autorisation du Roi d'attaquer l'activité marchande du pays ennemi en cas de guerre. C'est un job légal réglé par des conventions internationales, et si le corsaire se fait prendre par le pays adverse il devient alors prisonnier de guerre (encore faut-il qu'il puisse produire la fameuse lettre du Roi qui le distingue du pirate, sinon.... ).

   Lorsqu'il passe à l'assaut le corsaire ne hisse pas le "Jolly Roger", le fameux pavillon pirate à tête de mort, il "attaque" avec le drapeau de sa ville ou celui du Roi. Je mets "attaque" entre guillemets, car on le verra plus loin, le corsaire combat très peu.

Caverne d'Ali Baba
    Le but du jeu n'étant pas de couler ou d'abîmer mais de piller, le corsaire ne s'en prend pratiquement qu'à des bateaux de commerce sans défense, et qui n'opposent aucune résistance car de toutes façons, du fait des conventions, il ne sera fait aucun mal à l'équipage (par contre quand les pirates débarquent...)

"Défense de cracher" Mille Sabords !
   Alors certains comme Surcouf vont être plus mal(ou)ins, et plutôt que d'aller chercher fortune sur la Manche où pullulent les vaisseaux de guerres anglais qui ne font qu'une bouchée des bateaux corsaires dès lors qu'ils les croisent,  ils vont naviguer loin, jusqu'au Golfe du Bengale où croisent sans escorte les navires bien gavés de la Compagnie des Indes.

La bière locale qui fait craquer les filles
   On l'aura compris le bilan militaire des corsaires est négligeable, leur utilité première était de faire souffrir commercialement l'ennemi pendant que les marines nationales pouvaient s'affronter sur de vrais frégates de guerre. Certains corsaires audacieux, tel Duguay-Trouin,  vont être anoblis et se voir offrir une vraie carrière dans la Marine Royale

Comment ? Je dois bouter l'anglois hors du Royaume ? Heuu il est vieux le message là, le réseau ne marche pas bien...

     Surcouf, malgré quelques jolies prises, était plus intéressé par la monnaie que par la gloire, et deviendra par la suite un riche armateur. Enfin on ne peut pas passer sous silence que certains corsaires célèbres ont participé au trafic d'esclaves, ça se lit un peu entre les lignes de leur bio.

Sunset sur les remparts
    Et voilà pour la parenthèse Malouine, il se trouve que par un concours de circonstances j'ai un billet retour en souffrance pour un week-end de Mars, je vais peut-être y retourner.

L'agenda des prochaines semaines

     
     Après la période traditionnellement molle qui court de mi-janvier à mi-février, les choses s'accélèrent en ville, les expos temporaires se mettent en place, et les salons, foires et autres festivals pointent à l'horizon. Je vous propose donc ma short list des jolies choses à voir dans les semaines à venir.

Paris branchouille, le Dicoeur
     Côté déguisement, le Carnaval de Paris 2019 défilera dimanche, incontournable si le pluie nous épargne.  

     Côté spectacle, Van Gogh s'admire en immersion à l'Atelier des Lumières, attention il va y avoir du monde.

     Côté bobo life, la sortie de de la semaine c'est sans doute ces bains nordiques installés en bords de Seine par une grande marque suédoise de meubles en kit (pas facile, un indice c'est pas Krisprolls c'est l'autre ...).

     Côté voyage, le Quai Branly célèbre ce week-end la fête indienne des couleurs, par ici la holi party

    Enfin côté expo, la Collection Courtauld, qui signe le retour des impressionnistes, va certainement créer l'évènement de ce premier trimestre.

     Bon week-end

      N.