mardi 20 décembre 2016

Magritte à Beaubourg

    J'aime Beaubourg, je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai choisi ce quartier comme QG, peut être comme dit le philosophe parce que tout se joue à l'âge Playschool et que mon premier contact avec Paris fut, tout jeune la magie des automates du quartier de l'horloge. J'aime Beaubourg et la faune qui y gravite; l'étudiante en vidéo qui refait le monde avec passion en soufflant sur son café, la web master reconvertie en serveuse, si angélique que personne ne souhaite la voir repartir dans le virtuel,  la barmaid toute tatouée qui vous offre un shot à chaque fois qu'elle vous croise, et en profite pour en descendre un aussi dans une moue orgasmique... 
 
Un grand moment de solitude ce selfie avec ma carte d'abonné
    Beaubourg ce n'est pas vraiment un village mais plus une communauté, plutôt bienveillante, parfois intello, pas forcément bourgeoise mais carrément bohème, avec en toile de fond l'immense Musée dont les employés (un bon millier) diffusent aux heures de pause dans le quartier un parfum d'art.

Un look qui a fait jaser
      D'ailleurs pour parfaire mon intégration j'ai même fini par m'y abonner, et j'essaye de convaincre mes amis d'en faire autant.

La tuyauterie Beaubourg

   Beaubourg, de son vrai nom le Centre Georges Pompidou car sorti de l'imagination de l'ancien président, est sans doute le plus grande centre d'Europe dédié à la création moderne et contemporaine.

La vieille dame depuis les étages
     Le centre fait scandale lors de son inauguration à cause de son look "raffinerie de pétrole", avec ses tubes métalliques, ses tunnels de verre, ses escalators à semelles rouges, son armature d'acier apparente... on est loin de l'architecture renaissance des traditionnels grands musées.


   Collection permanente,  bibliothèque publique, cinéma, auditorium... Beaubourg est une ville au cœur de la ville. Avec 5 ou 6 expos temporaires il y a de quoi faire, et en ce moment les deux têtes de gondoles sont  Magritte et CY Twombly.

Notre Dame depuis le café branché Georges
Magritte - Ceci est une pipe
 
     C'est l'expo où tout le monde se presse, Magritte ou la trahison des images; le peintre surréaliste Belge du début du 20ième siècle est à l'honneur dans une expo bien barrée. La plupart des tableaux sont assez minimalistes et contiennent des messages impossibles à capter quand on n'a pas le contexte.

Le peintre est un voyant, le seul tableau que j'ai compris :-)
    Et quand on lit les explications ça reste compliqué, tout tourne autour des images qui trahissent la réalité, des jeux de lumière au mythe de la caverne de Platon en passant par la remise en cause des œuvres respectant les perspectives euclidiennes, ça chatouille un peu le neurone mais ça reste agréable.

Mythe de la caverne, la toile travestit la réalité
Facebook time
   Y a toute une histoire qui tourne autour d'un artiste qui a dit que la poésie est une pipe, et Magritte qui répond que la peinture n'est donc pas de la poésie puisque ceci n'est pas une pipe... chacun se fera son idée.
Qu'on se le dise...
CY Twombly

     Alors si Magritte ca reste quand même accessible, coté Twombly on est pour certains dans le génie absolu, pour d'autres dans l'absolu foutage de gueule cher à l'art contemporain. Le peintre américain balance des gros pâtés de peintures en disant peindre les émotions.

Râaaaaaaa !!
     La mort de Kennedy, l'incendie de Rome, le Dieu Râ, tout est prétexte à faire exploser des gerbes de couleurs sur les murs. On entre dedans ou on sort vite fait, moi j'ai beaucoup aimé mais là, encore plus que pour Magritte, c'est à l'appréciation (j'avais écrit appréhension) de chacun.

L'inspiration de la pub Kenzo ?
   Enfin au pire il y'a toujours l'expo Lagaffe avec plein de bédés en self service où j'espère on saura s'il à fini avec la jolie mademoiselle Jeanne.


   Que ce soit pour Gaston, pour Magritte, ou juste pour prendre un verre au café branchouille en rooftop avec super vue, je recommande d'aller visiter Beaubourg

Café Georges
    Et puis sortir reste toujours un acte militant, on le voit encore avec le drame récent qui a frappé nos amis allemands, tous en terrasse !

N.
   
 

dimanche 11 décembre 2016

La RECyclerie

    Si aujourd'hui la tendance est à ouvrir des endroits éphémères (popup quand on veut faire branché) dans des endroits improbables, certains de ces nouveaux lieux d'échanges perdurent et c'est le cas de la RECyclerie, nouvel ovni de l'arrondissement qui monte depuis quelques années et qui partait de si loin: le 18ième.
 
Une bonne tête de repris de justice
La RECyclerie: un lieu, un projet
 
   A mi chemin entre restaurant bio et ferme urbaine, La RECyclerie fait partie de cette nouvelle vague de lieux ecoptimistes qui fleurissent dans tout Paris et principalement depuis quelques temps dans un 18ieme menacé par la boboisation radicale.
 
Comme toujours ici, le lieux sympas sont victimes de leur succès
    Le lieu occupe l'ancienne gare d'Ornano à la Porte de Clignancourt (loin de la carte postale), il enjambe la petite ceinture désaffectée depuis une cinquantaine d'années et dont les points d'accès sont secrètement gardés, un peu comme les entrées des catacombes.

Quand les jeunes se joignent à la bobosphère

     Comme tous les lieux fortement typés qui s'ouvrent dans des endroits originaux La REcyclerie est victime de son succès; ici on vous conseille d'aller commander uniquement si vous avez pu trouver un endroit où vous poser, donc si vous y allez seul il faut avoir le don d'ubiquité.
 
Derrière la cantine des ateliers pour apprendre à réparer et bricoler
   Les maitres mots sont low tech, biodiversité, recyclage et "do it yourself". Poulailler, potager partagé, zone végétalisée, tout a été pensé "eco-responsabilité"; et même si les sceptiques y voient juste un gros bizness, je donne aux organisateurs le bénéfice du doute.
 
La cantine enjambe l'ancienne petite ceinture
Jolies poulettes
   Pour ne pas se ruiner on peut aussi y prendre juste un café ou un vin chaud, des bars sont situés au dessus et au niveau des anciens quais le long des voies.
 
 
 
Marché Norvégien
 
   Pour vivre ce genre de lieu a besoin d'un agenda et toute sorte d'évènements y sont fréquemment organisés, comme ce weekend un marché norvégien. Rien de bien fou mais de quoi agrémenter sa visite avec une pette balade krissprolls (oui je sais c'est suédois).
 
Artisanat "Guntar"
Dégustation saumon avec épices
Des peaux, un peu bizarre dans ce genre de lieu.
Depuis peu la REcyclerie a ouvert un "corner" (ça claque mieux en english) permettant de commander à emporter.
 
 
 
   Contrairement à la Brasserie Barbes trop enclavée, La REcyclerie est un lieu d'échange ouvert qui, comme le 104, le Grand Train et d'autres, tire le nord parisien délaissé vers le haut.
 
     Simple bizness ou profession de foi, La REcyclerie est définitivement à mettre à l'agenda de toute immersion dans le 18ieme, surtout par beau temps car je m'y suis réfugié un jour d'orage et j'y ai découvert les affres de la cohabitation forcée.
 
    Toutes les infos ici http://www.larecyclerie.com/
 
     Bonne soirée
 
      N.
 
 

dimanche 4 décembre 2016

Afterwork en pays d'Ourasi

     Ourasi et autre Général du Pommeau ne sont ni des pays lointains ni des militaires acariâtres en retraite, mais des chevaux de courses qui sont entrés au panthéon du trot et en France, le temple du trot, c'est Vincennes.
Afetrwork à l'hippodrome de Vincennces
     Aujourd'hui la tendance est à ouvrir des lieux éphémères dans des endroits insolites, on l'a encore vu cet été avec le Ground Control, les Perchoir, la Friche ou encore l'excellent Jardin Municipal; l'hippodrome de Vincennes se met donc à la page en proposant Afterwork, une formule alliant paris et apéros, et qui permet de partir à la découverte du monde des courses.
 
Dans les entrailles de l'hippodrome
Afterwork
 
     Boutiques, artisans locaux, pubs et restaurants, on est assez surpris de voir tout l'écosystème qui gravite autour des courses;  le cocktail de bienvenue porte bien son nom, il permet de se poser et de commencer à appréhender les lieux.

Départ de la première course, les parieurs déjà en action

    Snack bon marché, restaurant panoramique ou artisans locaux, on peut parier sur les 6 courses de la soirée tout en se sustentant, l'hippodrome propose également des activités à la marge comme cette course en immersion virtuelle histoire de compléter l'offre et jouer la séduction.

Pour le grand prix d'Amérique, c'est 40000 personnes qui viendront se masser dans les tribunes

Course en immersion


Saucissons cuit au beaujolais, huitres, les artisans offrent une alternative à la restauration classique 
    On peut parier quelques euros sur un quintet ou juste sur un cheval, gagnant ou placé. Culte de l'anti héros j'ai parié sur le roi des tocards avec une cote à quarante contre un mais qui fait une belle course et a fini cinquième, c'est vrai que pas mal des meilleurs avaient été disqualifiés...
 
Allez le sept !!!!! le seeeeeeppttt bordel !!
La visite des écuries
 
     Mais le vrai intérêt de la formule c'est la visite des écuries, les trotteurs qui rentrent de course croisent ceux qui partent au combat, avec toute la tension due à la compétition.
 

 
   Les chevaux fument après l'effort, il faut les calmer et faire redescendre la pression, comme les athlètes ils ont droit à la douche et certains partent en décrassage.
 
Faut pas rester sur le chemin ça arrive vite le cheval est super nerveux
A la douche
Au calme au chaud
Photobomb !
   Au final l'hippodrome permet de passer une soirée originale, pas très chère si on reste raisonnable dans ses paris.
 
 
 J'imagine que l'hippodrome de Longchamp fait de même pour le bois de Boulogne, en tous cas pour Vincennes il suffit de venir télécharger ses invitations ici et de choisir la bonne date.
 
 
 Bonne soirée
 
 N. 

lundi 28 novembre 2016

Tokyo dans le Buffet

    Il y a des weekends comme ça où l'évidence se fait discrète, où il n'y a ni incontournable ni immanquable, des weekends où il faut un peu gratter l'actu et faire un choix... Le choix d'aller voir si ceci est une pipe à Beaubourg avec Magritte, ou encore celui de prolonger l'expérience Russe avec la collection Chtchoukine à la FLV bref,  des choses qui inspirent mollement et qui donnent des envies de trilogie "retour vers le futur" bien au chaud.
 
Mer Intérieure de Rodrigo Braga
      Mais comme j'ai le Japon en tête ces derniers temps je me suis rappelé que j'avais un abonnement toujours pas amorti au sulfureux Palais de Tokyo, donc cap sur le 16ième pour une visite improvisée. 
 
Tokyo m'a "tuer"

    Grosse surprise il y a une file d'attente pour rentrer au palais, le "tokyo pass" m'aura au moins permis de couper la file et là, deuxième surprise, le lieu est complètement vide. Le Palais a donné carte blanche à Tino Sehgal, un artiste germano british comme son nom ne l'indique pas, et qui n'a probablement aucun lien de parenté avec Steven Seagal, le gars qui na jamais pris la moindre claque ni perdu la moindre goutte de sueur en des centaines de combats au cinéma.

Derrière le rideau et le poisson volant, qui fait partie du lieu, carte blanche à Tino Sehgal 
   Je comprends vite qu'il n'y a pas d'expos, seulement des performances bizarroïdes comme des gens qui courent, marchent lentement, ou chantent dans des pièces totalement obscures.

Sprints dans les grandes salles du Palais
Dialogues surréalistes sur les quatrième et cinquième dimensions
    Dans une autre salle des dialogues face au mur, avec une fille qui vous donne des coups dès que vous essayer de quitter les lieux. La cerbère avait le choix une jeune fille et moi et, lucky me, elle a choisi de mettre un gros coup d'épaule à la demoiselle qui a valdingué contre le mur (mes 95 kgs on dû faire pencher la balance si je peux me permettre...)

Chelou..
     Bon le Palais de Tokyo m'avait habitué à beaucoup beaucoup mieux, je n'ai pas assisté à la méga performance  "clou du spectacle" il y avait trop d'attente. Je ne conseille pas d'aller à cette carte blanche, à moins d'être abonné et de ne rien payer, ça n'en vaut pas la peine. En sortant on a envie de dire aux gens qui attendent pour entrer "économisez du temps et de l'argent" mais comme l'art est très subjectif il y en a sans doute dans le lot qui ont adoré...

Gros succès pour cette carte blanche

Backup au MAM pour le Buffet

    Du coup pour ne pas avoir traversé tout Paris pour rien ou presque, j'ai franchi la petite esplanade qui sépare le Palais de son rival de voisin le Musée d'Art Moderne, distant de moins d'une trentaine de mètres, et qui possède le même acronyme qu'une politicienne s'étant brillamment illustrée pendant la révolution de jasmin. En ce moment on y expose Buffet, un peintre que tout le monde connaît sans doute au travers de ses portraits de clowns tristes dont des milliers de reproductions ont inondé les chambres d'hôtels et les murs des couloirs de nos grands parents.

Clown Triste
    Buffet en deux mots c'est le petit génie qui explose au sortir de la guerre dans une France traumatisée en peignant des choses... traumatisantes. Très décrié, certains lui reprochent de peindre toujours la même chose sans grand talent, quand d'autres, moins nombreux, crient au génie. Le gars devient vite le protégé de Pierre Bergé qui prend en main sa carrière.  
 
L'ange de la mort
     L'expo est très aéré, elle parcourt la vie du peintre de façon chronologique, sachant que ce sont ses premières toiles qui seront considérées comme des chefs d'œuvres.

Les damnés
    Des hommes à poil, des femmes à poil, la mort, la guerre, le cirque, la mythologie, les entraineuses, Jules Verne, les animaux, le Japon (encore), à chaque nouvelle expo il consacre un nouveau thème, mais dans un style torturé que j'aime bien et qui me rappelle un peu les ambiances "fluide glacial".


Les oiseaux
      Je ne vais pas trop en montrer et je finis par un truc un peu flippant, le gars, parkinsonien, va se suicider en 1999. Il laissera alors pour sa dernière expo un jeu de portraits de la mort un peu dans le style cartes de tarots. Il semble que Buffet a d'abord peint les gens vivant, puis les a "squelettiser" au fil du temps... un vrai Hannibal Lecter.


     Pour le reste faudra aller voir, c'est une chouette balade, qu'on aime ou non le style.

Quand St Petersburg me rattrape

   Au MAM l'entrée est gratuite pour les collections permanentes, seules les expos temporaires sont payantes. Il y a une salle extraordinaire qui a elle seule justifie la visite, la Fée d'Electricité, qui raconte l'histoire de l'électricité et ses applications, sans mentionner toutefois Claude François.


La Fée d'Electricité
    Il y au aussi une salle Matisse présentant deux versions inabouties de La Danse, c'est assez drôle de tomber là dessus juste après voir vu l'œuvre finale à l'Ermitage, ca fait prendre conscience si on en doutait encore que le monde est petit.

Salle Matisse au MAM
  Au final je me suis réconcilié avec le MAM, je pense que je serai plus attentif à sa programmation par la suite.

Bonne soirée

N.