dimanche 21 avril 2019

Sabaidee Luang Prabang

     We've got a seven-forty-seven coming down in the night, there's no power, no runway lights... 
 
    En l'occurrence ce n'est pas un 747 mais un petit ATR de la Bangkok Air qui vient d'amorcer sa descente sur Luang Prabang; et ce n'est pas la nuit même si, une fois le plafond nuageux traversé, notre avion se retrouve dans un espèce de brouillard anthracite épais, et qui donne une touche un peu fin du monde aux premiers paysages du Laos qui se dessinent sous nos pieds.
 
Sabaidee

     Renseignement pris, ce gros nuage noir est dû à la culture traditionnelle sur brûlis, qui consiste à créer des champs et les fertiliser en mettant le feu à la jungle. Cinq jours dans ce brouillard, on devrait revenir avec, en plus des souvenirs, un bon stock de particules fines si chères à Anne Hidalgo. 

Une arrivée dans la fumée
    Direction l'immigration pour obtenir un "visa on arrival", très rapide à récupérer surtout lorsqu'on arrive depuis la Thailande. Un guichet pour donner son passeport, un autre pour récupérer le visa, puis c'est le passage classique au contrôle des frontières, et 30 minutes après avoir atterri je suis déjà dans un  taxi, direction le centre ville pour retrouver mes amis de Bangkok qui sont arrivés par un autre vol.  

Sabaidee, bienvenue au Laos

Le Laos en deux mots

     
     Le Laos, anciennement pays au million d'éléphants, est un territoire montagneux enclavé, difficile à protéger car il possède des frontières avec tous les autres pays du coin (Cambodge, Vietnam, ThailandeBirmanie et Chine). On peut imaginer les multiples "guerres des voisins" au temps des royaumes Lao, Khmer et Siamois pour ne citer qu'eux. 

Une population très jeune, ici on conduit un scoot avant de savoir marcher
   Au temps des colonies, face à l'immense Empire Britannique (Inde, Birmanie, Malaisie...), au voisin Siamois et aux pirates Chinois qui le menacent, le Laos ne va pas pouvoir faire autrement que d'accepter le protectorat français, et rejoindre la riche Union Indochinoise pendant une cinquantaine d'années (cinquante ans, c'est d'ailleurs le temps que m'a semblé durer le film Indochine avec Catherine Deneuve, je suis sorti de la salle j'avais une grande barbe blanche)

La monnaie c'est le kip, pour convertir c'est facile on divise par 10000: mes 150000 kips valent donc... 15 euros.
     Puis viennent les guerres d'Indochine qui vont aboutir à l'indépendance, et à la création de la République Démocratique Populaire du Laos, aujourd'hui un pays communiste d'environ 7 millions d'habitants, dont la capitale administrative est Vientiane, et la capitale culturelle la belle Luang Prabang où je vais séjourner.   

Cocktail et humour

Luang Prabang, la capitale culturelle

     
     Capitale culturelle et spirituelle du pays avec tous ses temples, Luang Prabang est un gros village sur le Mekong qui a gardé beaucoup de traces de son histoire coloniale, dans l'architecture mais pas que, puisqu'ici on mange des croissants, des sandwichs, on comprend un peu le français... D'ailleurs on a pu rencontrer quelques saisonniers frenchys dans les différents établissements qui bordent la rue principale. Un certain nombre de jolies maisons traditionnelles en bois  se sont reconverties en "guest house" de charme, il est facile de se loger et il y'en a pour tous les budgets. 

Sabaidee, la belle Luang Prabang
     Quand vous connaissez un peu la thaïlande vous n'êtes pas dépaysé, les deux pays sont très proches. D'ailleurs ici tout le monde parle thaï, les langues ne sont pas si éloignées : sawadee en thaï et  sabaïdee en lao pour dire bonjour, khop khoun en thai et khop tchai en lao pour dire merci. Le thai est peut-être plus mélodieux car les femmes utilisent énormément dans leurs phrases le mot kha (khap pour les hommes), qui rend les choses plus polies, et qui est très chantant. Meme par sms vous pouvez recevoir un "Ok kha" pour rendre le "d'accord" plus poli.  

Luang Prabang, le poids des traditions
     Mes amis thaïs m'avait dit qu'ici il ne faut pas être pressé, c'est ambiance sabaï-sabaï, c'est à dire ultra cool, on risque pas le burnout. Mais ce n'est pas ce que j'ai ressenti: je les ai trouvé plutôt efficaces et réactifs (par contre en Thailande il m'est arrivé de vivre des expériences assez stratosphériques). 

Luang Prabang haut lieu du bouddhisme

    Coté population c'est super jeune, les gens sont polis et souriants, peut être un peu moins excentriques qu'en Thaïlande
 
    Pas d'insécurité, les gens se respectent, il y a un vivre ensemble.

Une population jeune


On a pas l'habitude, en tant qu'occidental, de voir des enfants bosser pour aider leurs parents dans leur business
     Coté cuisine on reste encore assez proche de la Thaïlande, avec une offre large et variée, qui va des baraques street food aux restos branchés. 

Les baraques street food

Les restos locaux
   L'ordre de prix est de 2 euros coté street food, 5 euros pour un resto local, entre 10 et 20 euros pour un restau "haut de gamme".  

Restau fancy
   Coté météo on pouvait espérer échapper un peu à la fournaise de Bangkok, et bien c'est loupé, malgré les montagnes ici aussi il fait très chaud. Aussi c'est toute une stratégie de gestion des fringues qu'il faut mettre en place, et de toutes façons vous êtes trempé de sueur après avoir marché deux cent mètres.
 

    Contrairement à ce que je pensais, les locaux souffrent aussi de la chaleur. Il y a toujours un "boui-boui" pour se poser et se refaire une santé.   

Pause noix de coco fraiche pour combattre la chaleur 
   C'est parti pour quatre jours de balade, dans et autour de la jolie Luang Prabang


Jour 1 - Exploration du Mekong

    
     C'est la deuxième fois que j'ai l'occasion de me balader sur le fleuve mythique, la première fois c'était il y a quelques années, au départ de Chiang Rai au nord de la Thailande, et on était allé à l'époque sur des îles qu'aucun pays ne revendiquent, des îles "no mans land". Avec le recul c'était une idée un peu foireuse, avec trois israéliens nous nous étions fait confisquer nos passeports quelques heures, et nous avions été soulagé de les récupérer à notre retour.  
 
     Cette fois direction le nord et la caverne aux milles bouddhas. 

Le smoke haze des brûlis ajoute une touche drama sur le Mekong

Le long du fleuve, des petits villages

Les habitants du Mekong

Pourquoi pas vert, c'est bien vert
     Trente cinq kilomètres au en amont de la ville on peut trouver tham pak ou, la caverne aux milles bouddhas, lieu de pèlerinage pour les bouddhistes. 

Accostage aux grottes

Tham Pak Ou
     Après quelques heures de balades sur le Mekong, retour en ville et direction le night market pour acheter quelques fringues, car avec la chaleur il faut se changer au moins deux fois par jour.  

Night market

Night market, street food


Une bonne première journée

Jour 2 - La vieille ville et le Tak Bat

      
     Elle est belle cette vieille ville, si belle que l'Unesco l'a inscrite dans la liste du patrimoine mondial. L'héritage colonial se marie a l'architecture locale et aux dizaines de temples.
 
       Si vous voulez assister à spectacle assez original alors il faut mettre son réveil tôt. Tous les matins, dès 5 heures, les moines sortent des temples au son des tambours, et sillonnent la ville pour recevoir les offrandes, c'est le Tak Bat. 


Le Tak Bat

 
     Dans la vieille ville les touristes, majoritairement chinois, se mêlent au jeu, ce qui a tendance un peu à dénaturer la chose. A 6 heures il est déjà trop tard, les rues sont vides, assister au Tak Bat ça se mérite. 

Le calme de la vieille ville, et toujours le smoke haze qui rappelle la place de la République un samedi de manif

Et des petites ruelles adjacentes
    Une des stars de la ville est indiscutablement le pont de bambou qui enjambe la Nom Khan. Ce pont est emporté par les crues à la saison des pluies, et reconstruit tous les ans à la saison sèche. 

Le pont sur la Nom Khan

La traversée coûte cinquante centimes d'euro aux farangs, somme qui sert à la reconstruction.
    Et puis il y a les temples et les monastères qui font de la ville un haut lieu du bouddhisme.   

Soigner son karma

Vat Xieng Thong, le joyau de la ville

Meditation

After dark

Jour 3 - la Songkran

     
     Mi-avril en Asie c'est la Songkran, le nouvel an bouddhique. Et pour fêter la nouvelle année les gens s'arrosent avec de l'eau, ce qui au fil des ans a dérivé vers une grande bataille d'eau à ciel ouvert.  

Fight !!
    Si la ville où la bataille fait le plus rage reste Chiang Mai (mon vieux reflex a survécu à trois campagnes là-bas), Luang Prabang est en train de prendre la même direction.  

Water Party

Les farangs ne se font pas prier
   Avec mon reflex flambant neuf je ne me suis pas approché des spots trop agités. On a pu remarquer avec mes amis que pendant la water party ça picole énormément, y compris chez les très jeunes. Je déconseille d'y assister avec des enfants, on a vu des accidents, pas facile de maîtriser son scoot quand on vient de prendre un seau d'eau en pleine figure. 

Ambiance bon enfant
    La Songkran se termine par une grande parade dans la ville, avec en guest star non pas une sommité religieuse, mais la jolie Miss Laos 

Les moines sont bien sûr de la partie
Départ de la parade

Des jolies couleurs

Des effets spéciaux

Les nombreux spectateurs arrosent copieusement le défilé


Miss Laos sur son char
     Une jolie parade, pas encore du niveau de celle de Chiang Mai, mais d'ici quelques années...
 
     En Lao, on dira donc Sabaidee Pi Mai 2562 !


 Jour 4 - les chutes Kuang Si

     
     Pour finir en beauté nous sommes aller visiter les cascades de Kuang Si situées à une petite heure de la ville. Ces cascades sont très prisées des laotiens qui viennent y pique-niquer en famille, il faut donc y arriver très tôt pour pouvoir apprécier le lieu au calme. 

En arrivant à l'aube on peut profiter pleinement

Tad Kuang Si
    On peut remonter les chutes jusqu'au point le plus impressionant. 

A ne pas manquer
   Vers 9h du matin les chutes commencent déjà à se peupler, il est temps de laisser la place.  

Dans une heure le lieu sera blindé

Une belle découverte

    
     Une belle découverte que cette vieille ville de Luang Prabang et ses habitants. Si vous souhaitez aller la saluer c'est le moment ou jamais: aujourd'hui la ville n'est pas super accessible (quelques vols depuis les pays voisins) donc elle est préservée du tourisme de masse, mais d'ici deux ans une autoroute la reliera à la Chine en quelques heures, ça va déferler...  

Bye Bye Luang Prabang et sa cool attitude
    Dernier jour, direction le petit aéroport à quelques minutes du centre ville, avec comme en Thailande les moines en priorité pour l'embarquement.
 
Who's the boss?

    L'ATR de la Bangkok Air va me ramener sur Bangkok, puis ce sera le gros départ pour Paris à bord de la bête, où je vais pouvoir refaire mon retard en matière de cinéma.

     J'ai pu voir deux pépites pendant le vol: l'engagé THUG (The Hate U Give), et le feel good movie Green Book.
 

ATR pour Bangkok



Boarding A380 pour Paris via Dubai
See you soon la Thai team
    Khop Tchai

    Khun N.
 

2 commentaires:

  1. Beau voyage Niko. Je t'avais dit que Luang Prabang c'etait une belle ville!
    Quel dommage que cette autoroute chinoise va tout changer...:(

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