vendredi 13 juillet 2018

Monnaie Monnaie Monnaie ♫

     Dans la culture d'entreprise il y a toujours une petite fierté à bosser pour une boite ayant une certaine histoire ou longévité; ça peut surprendre mais on trouve encore aujourd'hui des sociétés, par exemple Saint-Gobain, qui existaient déjà sous Napoléon. Mais au jeu de "ta boite est tellement vieille que son numéro SIREN c'est 1" il y a un gagnant incontestable et qui met tout le monde d'accord.

Cour d'honneur et arbre métallique
    Ce grand vainqueur qui étend en bord de Seine sa façade discrète, presque austère, c'est la Monnaie de Paris, la plus ancienne entreprise de France L'institution, toujours en activité et dont le rôle est de "battre monnaie" comme on dit dans les endroits jeunes et branchés, a été fondée en... 864 par Charles II dit le Chauve, petit fils de Charlemagne et futur Empereur d'Occident. Coté startup, on est plutôt Vallée de Dana (lalilalaa) que Silicon Valley.  

Derrière la façade austère, la plus vieille boite de France
     La bonne nouvelle est qu'après être restée longtemps fermée au public histoire de ne pas trop mixer culture et braquage, depuis quelques années le lieu se visite. C'est l'occasion de tout comprendre sur la monnaie, tout maîtriser du sou au denier, mais sans garantie hélas de ne plus jamais se laisser refiler une fausse pièce par votre boulanger préféré. Cerise sur le magot, la Monnaie expose pendant tout l'été des oeuvres de l'artiste indien Gupta; ambiance "Monnaie for nothing, Shiva for free" c'est parti...    

L'escalier d'honneur, le truc bizarre qui semble sortir du mur fait partie de l'expo Gupta
Le Musée de Conti

    

     Il faut se rendre à l'évidence, avec l'évolution des moyens de paiements électroniques la frappe de la monnaie n'est pas un marché en pleine expansion. Consciente des gros défis(cits) à venir, La Monnaie a entrepris une grande "MetaLmorphose" (nom du projet) qui s'accélère ces dernières années. 

Graveurs, ciseleurs, patineurs... 
    La production des euros et des monnaies étrangères a été transférée à l'usine ultra sécurisée de Pessac (et oui une quarantaine de pays font frapper leur monnaie chez nous, quand vous balancez quelques baths dans le BTS de Bangkok c'est du made in France).

Derrière les colonnes et les dorures, l'usine "deux point z'euros"

    Si l'institut parisien se consacre toujours aux bijoux et aux pièces précieuses, il est en train de s'offrir une seconde jeunesse en se transformant petit à petit en centre d'art, avec son musée, ses expos temporaires, son restaurant gastronomique et ses cafés. Un palais néoclassique hébergeant une manufacture c'est sans doute unique au monde, et l'idée de l'ouvrir enfin au public va certainement permettre de le sauver. 

 
La salle des trésors, ambiance gang des postiches

     Le Musée de Conti (du nom du quai) propose une balade permanente à travers les époques, depuis les premières frappes au marteau jusqu'aux dernières technos de grand monnayage, mais sans se limiter heureusement à la conception des pièces. Ici on raconte tout ce qui tourne autour de la monnaie: ses métaux précieux, son histoire, son rôle, son pouvoir politique et même marketing; comment les gouvernants font passer leurs idées dans les visuels bref, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Monnaie sans jamais avoir osé le demander. On peut même frapper une pièce au marteau et admirer le résultat virtuel sur un écran; l'équivalent du jeu de mailloche qu'on trouve dans les foires mais avec un verni intello... 

Un musée un peu confidentiel où l'on ne se marche pas dessus
Ambiance village dans le café de la cour
     La visite est instructive, on en ressort avec au moins la chanson d'ABBA dans la tête, mais sans avoir hélas percé le secret qui permet de gagner à coup sûr au pile ou face. A la sortie on peut s'arrêter au magasin jeter un œil aux pièces de collections, le mondial 2018 est évidemment à l'honneur.


Idée cadeau, cette jolie pièce d'une valeur de 10000 euros que j'ai piquée... sur leur site 
J'ai été plus raisonnable en optant pour un magnet que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître
     Il est maintenant temps d'aller visiter les salons d'honneur pour l'expo de Gupta.

"Adda" par Subodh Gupta
  
     Gange, Gandhi, Compagnie des Indes, intouchables, comptoir de Chandernagor, Taj Mahal, Geronimo, Bollywood (rayer l'intrus)... Si comme moi votre culture indienne reste perfectible et se résume dans les grandes lignes à une pratique intense du cheese naan et des bières Indian Pale Ale (les fameuses IPA dont la légende raconte qu'elles ont été dopées au houblon afin de tenir les quatre mois de voyage depuis l'Angleterre vers les Indes Britanniques), alors il est peut être temps de soigner son karma, d'ouvrir les chakras, et d'aller honorer le rendez vous que propose l'artiste indien Subodh Gupta dans les salons d'honneur du palais.

Salon d'honneur, un crane en... je vous laisse vérifier par vous même
   La promenade est surprenante sans être ni dérangeante ni torturée, l'écrin est magnifique. L'artiste pluridisciplinaire travaille beaucoup le métal et plus particulièrement  l'acier inoxydable, ce qui donne des oeuvres qui tranchent avec le classicisme des salons. Je n'en dis pas plus pour ne pas "spoiler", l'expo se termine fin août.
 
Or et Bleu, vive la Suède
Vertigo
   La Monnaie de Paris fait partie de ces lieux  un peu confidentiels comme je les aime, loin derrière les blockbusters Louvre, Orsay et autres où les touristes se pressent; elle mérite qu'on aille lui rendre une petite visite de courtoisie. Ce serait dommage de ne faire que le Musée, il faut attendre la bonne expo pour faire un combo, toutes les infos pour organiser sa visite ici

   Bon weekend, et allez les bleus

    N.

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