On me sollicite de plus en plus souvent sur ce qu'il y a à voir ou à faire sur Paris en ce moment, du coup j'ai décidé de partager quelques adresses qui me tiennent à coeur, à commencer par mon bistrot préféré mais nous verrons cela plus loin, pour l'instant les amis l'heure est grave car il nous reste à peine deux minutes à vivre.
"Two Minutes...to Midnight !". Dans les années 80 les Iron Maiden, le génial groupe de hard rock britannique, soulignait déjà qu'à l'horloge de l'humanité, il ne restait guère que deux minutes.
Entre menaces nucléaires et changements climatiques les défis ne manquent pas, mais on peut noter depuis quelques années une certaine prise de conscience: les marches pour le climat et autres happenings se succèdent, comme ce Train de Noé qui sillonne l'Europe pour éveiller les consciences.
Ambiance "Après moi le Déluge" c'est parti.
Le Train de Noé
Minuit moins deux, c'est donc l'heure qu'affiche la très sérieuse Doomsday Clock, l'horloge de l'apocalypse. Initiée par les scientifiques du Projet Manatthan au sortir de la seconde guerre mondiale, l'horloge est maintenue depuis par l'Université de Chicago et son "Bulletin of the atomist scientists".
L'heure affichée est réactualisée en fonction des évènements planétaires. Avec l'augmentation des tensions internationales, le manque flagrant d'engagement des nations dans la lutte contre le réchauffement climatique et la surexploitation des ressources, l'horloge affiche depuis début 2018 minuit moins deux, soit l'heure qu'elle affichait déjà au coeur de la guerre froide, quand les missiles Pershings américains défiaient les SS-20 soviétiques, et dont les portées réciproques les auraient sans doute fait chuter pile-poil sur nos casques de gaulois réfractaires.
Pour l'heure direction la Gare de l'Est qui, comme son nom l'indique, dessert l'Est au sens large, de la Champagne à la Pologne ( ♫ en passant par la Lorraine ♫ ). La voie 4 héberge pour quelques heures un hôte insolite, un train street art qui se balade en Europe dans l'objectif d'éveiller les consciences sur les enjeux liés au réchauffement climatique, voire au global warming pour ceux qui sont plus sensibles au wording américain sauce blockbuster.
L'opération est à l'initiative de la SNCF, le train de Noé s'arrête dans différentes gares européennes afin que les artiste locaux puissent en habiller les wagons, ici un flamand rose, là une orque. Après la Pologne, l'Autriche et l'Allemagne, Paris est la dernière étape avant le terminus à Bruxelles.
Quelques ateliers photos ou dessins permettent de participer à son niveau au projet. Il n'y avait étrangement pas grand monde au rendez-vous, d'habitude les event street-art drainent tout Paris et on a du mal à se frayer un passage entre curieux, alter-mondialistes et bobosphère. On mettra cela sur le compte d'une météo pas très avenante, d'un manque flagrant de com., et peut-être de la légère morosité ambiante habituelle à cette période de l'année. A moins que le nom du projet d'inspiration Biblique, et le parcours du train un peu Berlin-Paris-Bruxelles, n'aient découragé les euro-sceptiques athées.
Je suis toujours friand de ce genre d'events même si, en allant rencontrer l'oeuvre streetart mobile la plus longue du monde, je m'attendais à mieux. Cela dit nous sommes arrivés tard, on a peut-être raté les graphistes parisiens en action; j'ai quand même la lourde impression que les wagons étaient préparés à l'avance et sont simplement greffés au train le jour de l'escale.
Après il faut être lucide, même si les démarches sont louables, ce ne sont ni les marches pour le climat, ni les trains street-art, qui vont changer la donne. Dans un monde en transition permanente qui a tendance à encore accélérer, le respect de l'environnement et la sauvegarde de la planète ne se feront, je pense, qu'au prix de profonds changements. Quand on voit qu'on en est encore à se fâcher avec des pays amis de longue date, et à rappeler nos ambassadeurs pour des disputes de cours de récré, on peut craindre que le chemin soit encore long pour arriver à la maturité. D'ici là on peut compter sur les Greta Thunberg et autres militants de la jeune garde, pour mettre la pression sur les décideurs.
A l'Ami Pierre
Comme je le disais en début d'article je vais commencer à partager çà et là quelques adresses qui me tiennent à coeur.
La ville de Paris a médaillé fin janvier une centaine d'établissements pour leur "caractère emblématique et populaire", l'idée derrière est de pouvoir inscrire cet art de vivre du bistrot parisien au patrimoine de l'Unesco. L'un de mes bistrots préférés a été récompensé et je me suis dit que c'était l'occasion de commencer par celui-là, direction Bastille et le passage sombre et pavé de la Main d'Or, chez l'Ami Pierre.
C'est l'histoire d'un architecte qui aimait tellement le bistrot d'à côté que le jour où il a été à vendre, il s'est lancé. Ici les habitants et les artisans du quartier, dont certains sont des références mondiales, se retrouvent autour d'un verre ou d'un bon plat pour refaire le monde et le rendre meilleur.
Une bonne carte mais surtout une ambiance unique, un coté familial où le patron n'hésite pas à envoyer un habitué chercher en urgence une botte d'estragon frais au marché d'Aligre, et ne se formalise même par lorsque le gars revient tout fier avec un petit pot genre Ducros, pendant qu'on se mord les lèvres pour ne pas rire.
Photos prises avec mon téléphone, du coup le noir & blanc gomme un peu la mauvaise qualité |
J'avais été un soir interviewé, parmi d'autres, par la télévision japonaise qui voulait faire un reportage sur cet établissement original. L'équipe nippone, dont une interprète qui parlait trois mots de français, a un peu halluciné au milieu des habitués qui parlent et chahutent un peu, boivent beaucoup, et chantent fort.
Quelques jours après le tournage c'était le Bataclan, les touristes japonais ne viendront pas, mais la chaîne a envoyé par politesse le DVD de l'émission et j'en ai une copie que je garde précieusement, et que je ne montre qu'aux proches, car il a un petit côté "dossier".
J'y étais encore hier soir et c'est toujours aussi bien. Si vous passez sur Paris n'hésitez pas à aller dîner ou juste boire un verre un vendredi ou un samedi soir à l'Ami Pierre, réservation obligatoire sinon au mieux le patron vous trouvera une table pour 22h30.
J'ai remarqué en passant que les lieux qui ont une âme sont souvent un savant mélange d'habitués et de gens de passage. Trop d'habitués et c'est consanguin, trop de touristes et c'est le vide, je conclurai donc que l'âme est faite d'habitudes et de passages.
Bonne soirée
N.
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